Moulin à vent de Toulon

 

     Ce moulin, connu depuis le 16° siècle, est situé au sud de Nozay numérotée L137 (superficie 0,28 a) de la section de Beauvais au cadastre de 1811. Son appellation n'est pas fixe et on peut trouver : Toulon (nom actuel), Doulon, Toulan, Thoulan.

 

 

     

     Le 14 octobre 1801 ( 22 vendémiaire an 10) , Pierre Renaud acquiert à une vente publique, le moulin Toulon pour 712 francs. Cela fait suite à une décision du tribunal civil de Nantes (25 nivôse an 6) à l'encontre de Rose Rochard, veuve de Louis Brochard et épouse de Victorien Grandin. Pierre Renaud est cautionné par Pierre Le Sénéchal, farinier à la Fleuriais à Treffieux qui a la moitié du moulin en bail.

 

     Le 13 décembre 1801 (22 frimaire an 10), une sommation pour sortir su moulin est portée par le notaire de Vay à la requête de Pierre Renaud , acquéreur du moulin à Victorien Grandin et son épouse Rose Rochard qui «exercent led. Moulin».(Ad 44, 4 E 55 1)

     Place à des extraits du compte-rendu du notaire:

«lui avons demandé (Rose Rochard) où était son mari, à quoi elle a répondu qu'il était absent sans savoir où il était. Sur quoi, le dit Renaud lui ayant observé qu'elle devait sortir, l'a sommée d'envoyer chercher son dit mari. A répondu la dite femme refuser de le faire [] plus d'une heure sans que le dit Grandin ait paru, avons sommé la dite femme Grandin [] parlant à sa personne de vider de corps et de biens les logements en adhérant à la dite sommation du[] brumaire dernier qu'elle habite et en remettre les clés au dit Renaud présent, de même que le moulin vu que le dit Renaud est en jouissance et propriétaire du tout , du 22 vendémiaire dernier et d'en payer les jouissances à compter du dit jour. A quoi elle a répondu ne vouloir sortir et vouloir se pourvoir en justice contre Renaud. A quoi celui-ci lui a observé qu'elle n'a aucun moyen pour se pourvoir [] vider les logements et ayant persisté en son refus, le dit Renaud après avoir fait feu et fumée en la maison,[] accompagner au moulin dont il entend jouir dès ce jour afin qu'elle retire les effets qui peuvent y être et lui appartenir en ce moulin. A quoi elle a répondu refuser d'aller au dit moulin, voulant continuer d'en jouir. Sur ce refus, lui avons déclaré [] sur le champ, pour[en prendre?] possession,[] et faire inventaire des grains et autres effets qui sont [] moulin. Et y étant entré de compagnie du dit Renaud, avons trouvé Jean Chevalier, garçon [] du dit moulin, auquel nous avons annoncé le sujet de la dite commission. A quoi il a répondu ne pouvoir donner aucun consentement et s'est [évadé ?.

Après quoi, Renaud , de notre compagnie, s'étant transporté du côté de la ville de Nozay, où il a appris que Grandin s'était réfugié.] Nous l'avons trouvé à la croisée des chemins qui revenait de Nozay. Et Renaud lui parlant l'a sommé de vider sur le champ, de corps et de biens, le dit moulin, logements et dépendances. A quoi Grandin a répondu qu'il ne les viderait pas, que le tout lui appartient, a couru avec vitesse à sa demeure, [] accompagné du garde moulin et d'un autre particulier inconnu, lesquels trois d'un pas vif et empressé ont retourné vers la ville de Nozay sans faire cas d'un rappel réitéré à haute voix au dit Grandin. Et étant tous de compagnie retourné à la maison avons trouvé la porte de devant fermée et condamnée en dedans et la porte de derrière en même état. Ce que voyant, le dit Renaud a frappé à diverses reprises aux deux portes en priant la femme Grandin enfermée dans la maison, d'ouvrir ou au moins de parler. Et ayant patienté plus de quatre minutes sans que les portes se fussent ouvertes ni que la femme Grandin eut répondu, nous avons crié à haute voix à la porte de devant de la dite maison que nous nous transportions sur le champ au moulin à vent de Toulon, où Renaud requérant, entendait prendre possession du moulin et faire la description de ce qui peut y être et après que le dit Renaud est entré au dit moulin de notre compagnie et de plusieurs autres particuliers et avoir [] que Grandin et femme se soient présentés, le dit Renaud a fait feu et fumée [], l'a fait tourner et a fait appel à l'extérieur de tous prétendants [] au dit moulin et dépendances, sans que personne se soit présenté. Le dit Renaud nous a requis de procéder à l'état et [inventaire] de ce qui est dans le même moulin à vent de Toulon, ce que faisant s'y est trouvé ce qui suit, à savoir :»

Suit l'inventaire et l'enregistrement devant témoins de cet acte

 

     Le 1^er mars 1805 (10 ventôse an 13), Victorien Grandin, tailleur de pierres, et maçon, afferme pour trois années le moulin de Toulon ainsi que deux planches de jardin à Louis Berger et sa femme Germaine Geffriaud. Ces derniers entretiendront le moulin «virant et tournant et garni de toiles» pour la somme annuelle de 180 francs «en numéraire métallique d’or ou d’argent sonnant».(Ad 44, 4 E 65 20)

 

Tableau simplifié des propriétaires successifs de 1805 à 1929

 

 

Dates	Nom des propriétaires De :	Nom des propriétaires A :	Transmission par	Prix en francs
14/10801	?	Pierre Renaud	Licitation	712 francs
Décembre 1801 Grandin et sa femme refusent de quitter le moulin
?	Pierre Renaud
1805	Victorien Grandin	?	?	?
10/10/1814	Les trois enfants Renaud	Charles Martin	Vente	1000 francs (Ad 44, 4 E 55 7)
31/08/15	Louise Brochard, belle-sœur de Rose Brochard (décédée en 1804)		Vente d'un quart de la moitié du moulin et ses dépendances	100 francs (Ad 44,4 E 182 5)
14/11/20	Victor Grandin(fils de Victorien Grandin ?)		Vente	?
21/03/22	Sainte Grandin (fille de Victorien Grandin)		Vente	?
12/04/1823	Charles Martin et Jeanne Heurtin	François Léonard Scheult	Vente	(Ad 44, 4 E 65 57)
07/04/41	François Léonard Scheult	Zélie Scheult	Succession	(Ad 44, 4 E 65 57)
28/12/41	Zélie Scheult	Pierre Josse et Anne Guinel	Vente	4 000 francs pour l'ensemble des biens sur Nozay et Derval (Ad 44, 4 E 65 57)
30/07/1845	Pierre Josse et Anne Guinel	Veuve Marie Claude épouse Pauvert et son fils François	Vente	4 000 francs pour le moulin et ses dépendances (Ad 44, 4 E 65 61)
Entre 1886 et 1892	François Pauvert	Eugène Pauvert	Succession ?	?
Le moulin semble exploiter jusqu'en 1918 puis devient un bâtiment rural en 1929.

 

 

     Les actes notariés entre 1811 et 1814 relatifs aux transactions concernant ce moulin sont manquants. Le cadastre de 1811 montre que Charles Martin était déjà propriétaire de terres autour du moulin ce qui peut expliquer les raisons de son achat du moulin aux héritiers sur une période de six ans de 1814 à 1820.

      Les raisons des mutations ne sont pas explicités dans les actes notariés. Seule, la famille Pauvert fait exception exploitant certainement directement ce moulin aidée de garçons meuniers comme cela est visible dans les recensements de population. Elle possède le moulin de 1845 à 1918 au plus tard. Elle habite soit à Toulon ou à la Paljaudière. Deux couples ont géré ce moulin sur cette période :

François Pauvert et Marie Chrétien/ leur fils Eugène Pauvert et Marie Gérard son épouse

1874: décès de Marie Chrétien par noyade dans le vivier le 27 juin 1874

1876: Décès de la mère de François : Marie Claude veuve Pauvert.

1892: Décès de François Pauvert le 25 décembre 1892 à Issé

1911: Au recensement, Eugène Pauvert, meunier, patron et son épouse Marie

                      1921: Recensement: aucun meunier à Toulon ni à la Paljaudière

 

       Description du moulin

     Toujours aussi difficile d’avoir une description du moulin, les acteurs connaissant les immeubles, il n’est pas nécessaire pour eux de les décrire.

      En 1841, une description un peu plus détaillée « le moulin à vent dit de Toulon avec toutes ses dépendances, consistant dans ses bois tournants et virants, son cerne et ses bâtiments composés d’une chambre basse avec grenier couverts en ardoises, à côté une écurie avec granges.»

      Une deuxième description pour un bail en 1844: «lequel moulin est garni de ses meules, tournants, virants, travaillants et est affermé avec maison d’habitation, jardin, dépendances… Le moulin n’a pas de toile… Les preneurs reconnaissent qu’il leur a été prêté par le bailleur, une paire de balance avec poids, une barre et une masse de fer et une bluterie anglaise à poulies, le tout devant servir à l’usage des preneurs »

      Un complément en 1845: «son cerne enfermé d’une haie… une maison bâtie en pierres couverte en ardoises, composé e d’une chambre basse grenier au dessus…une écurie bâtie en palis couverte de paille…une grange en palis, couverte de paille »

 

 

 

 

Travail réalisé pour l'Asphan par M. Passalacqua et mis en ligne le 30 janvier 2024