Présentation des propriétaires des moulins d' Abbaretz de la Révolution à 1950
Le mauvais état des matrices cadastrales du 19° siècle ne permet pas d'établir la plupart du temps une chronologie assurée des propriétaires successifs des moulins. La notice sur Abbaretz du livre «Les Moulins du Pays de Châteaubriant » de M. Christian Bouvet utilisée dans cette présentation, est notée en italiques.
En 1875, un total de sept moulins sont en activité à Abbaretz. En plus des cinq présentés dans ce texte, les deux autres sont : la Chapelle St Symphorien (1834 - entre 1880 et 1895), Tonnerre (1845-?), non placés sur la carte.
Moulin de Grand Lande, Révolution - 1931, parcelles M 9 et M16
Deux moulins à vent sont à considérer le premier qui existait avant la révolution en M 9 ( Révolution - entre 1880 et 1883) et le deuxième en M 16 ( 1834 - entre 1923 et 1927).
François Perrinel, meunier au Bois Jahan (Puceul), époux Mathurine Pauvert, a acheté ce moulin (M 9) saisi sur Du Matz pour 2 944 francs en mandats territoriaux le 4 septembre 1796. Un procès-verbal de description est établie pour évaluer la valeur du moulin :
« Le moulin de dix- huit pieds de hauteur (un peu moins de six mètres) consistant en une vieille masse, deux meules de moulage étant réduites à deux pouces, le grand rouet du moulin de nulle valeur, une des vergues cassée, le marbre très vieux » et « que la maison servant à loger le farinier consiste en un embas, un grenier au-dessus, une écurie à côté, contenant ensemble trente-neuf pieds de longueur ( environ 13 mètres) , vingt de largeur (6,50 mètres) et neuf de hauteur (3 mètres) construite en vieilles murailles , couvert d'ardoises, le tout en mauvais état ».1
Il décède le 22 septembre 1821 à 81 ans. Son fils Julien, époux Marie Langlais prend sa suite. A son décès le 16 août 1834 à l'âge de 57 ans, l'ensemble des biens reste en indivision entre sa veuve et ses enfants jusqu'en 1845.
Un deuxième moulin est construit en 1839, parcelle M 16.
Le 16 octobre 1845, le moulin reste en indivision, la moitié pour Marie Langlais et un douzième pour chacun de ses six enfants soit sept propriétaires.2 Suite au décès de Marie Langlais le 1er juin 1861, la propriété de l'ensemble des biens revient aux enfants et petits- enfants.
La vente par licitation a lieu le 5 juillet 1863. François Perrinel un des fils, remporte les enchères pour un montant de 2 110 francs, mise à prix 1000 francs. 2Bis
Un partage anticipé est acté par François Perrinel veuf de Marie Morel, le 19 octobre 1868 et le moulin de Grand lande revient à Jean Perrinel époux Jeanne Perrigaud. En contre partie, il doit comme ses deux frères et ses deux sœurs, assurer chaque année à son père 125 litres de froment, 25 francs en argent, 330 litres de cidre, cinquante fagots de bon bois de chauffage, 25 kg de blé noir, 4 kg de beurre. Les frais de maladie seront partagés au cinquième entre les enfants. Tout ceci jusqu’au décès du donateur.3 François Perrinel décédera en janvier 1881.
Jean Perrinel et son épouse Jeanne Perrigaud vendent le 12 mars 1883 à François Jaunasse et son épouse Marie Perrinel entre autre « l'emplacement d'un vieux moulin contenant 4,50 a avec son cerne» et il est précisé plus loin que ce moulin est en ruines (soit avant 1883). Le montant de la vente est de 3000 francs.4
La famille Lévêque (ou Levesque) gérera principalement le deuxième moulin en M 16.
C'est François Lévêque, meunier (41 ans) et sa femme Marie Papion qui sont retenus comme meuniers à Grand Lande en 1881.
En 1921, l'enquête préfectorale précise pour ce moulin une production annuelle de 32 tonnes pour une à deux tonnes de blé pouvant être broyées par 24 heures. Il est noté que ce moulin écrase principalement du blé noir et de menus grains qui servent à l'alimentation des bestiaux. Pierre Lévêque en est l'exploitant. Ce dernier indique dans l'enquête de 1936 que ce moulin en 1914 avait une puissance d’écrasement quotidienne de 0,4 tonne et qu'il avait cessé de fonctionner en 1931(matrice cadastrale). Le moulin de la Madeleine le remplace.
Source Archives départementales 44 :
1: 1 Q 343 / 2: 4 E 65 61 / 2 bis : 4 E 65 88 / 3: 4 E 65 97 / 4: 2 Q 7056
Moulin de la Madeleine, parcelle F 79, 1927-1950 ?
Dans l'enquête de 1936, Pierre Lévêque précise que ce moulin construit en 1927 a remplacé celui de Grand Lande qui produisait en 1914 quatre quintaux de farine par jour. La production annuelle n'a cessé de diminuer de 35 tonnes en 1927 à 28,6 tonnes en 1935 (20 tonnes en 1934). Pierre Lévêque indique une capacité d'écrasement quotidienne de 2 tonnes. Un moteur à gas-oil est utilisé pour ce moulin. Ce moulin n'est plus en activité en 1950.
Moulin de St Symphorien, parcelle H 10 , 1895?-1950
Jean Louis Craheix construit ce moulin à vent après 1895 à Saint Symphorien qu'il complète d'une minoterie équipée d'une machine à vapeur. Cette dernière ne durera pas longtemps à la différence du moulin qui est repris et modernisé par la famille Levesque . Le moulin est en activité en 1950.
François Levesque fils, est indiqué comme exploitant de ce moulin dans l'enquête de 1921. Il est noté une capacité de production annuelle de 32 tonnes et de 1,8 tonne par 24 heures et ceci principalement en blé noir et graines pour bestiaux
Madame Levesque et ses enfants exploitent le moulin en 1936. Elle annonce 7,2 tonnes de capacité quotidienne d'écrasement. Elle donne 110 tonnes pour l'année 1935. Le moulin existait en1914 et avait une puissance d' écrasement de 4 tonnes par jour. La minoterie n'existait pas. Un moteur diesel neuf est en marche. Système de cylindres. Une annotation indique que le blutage est insuffisant pour la production annoncée. Les chiffres proposés seraient sujet à caution selon la note figurant dans le dossier.
Moulin à eau de Paradel parcelle E 83 et Moulin à vent de Paradel parcelle D 65
Ces deux moulins pendant tout le 19°siècle appartiennent à la famille Richard de la Roullière dont une résidence est le château de la Rivière.
Les recensements de 1881 et 1891 indiquent Jean Louis Craheix (47),époux Marie Lepage, comme meunier à Paradel. Il décède le 9 juillet 1894 au Paradel .Pas de trace de Craheix au Paradel en 1896.
Jean Louis Craheix ne poursuit pas l'activité de son père décédé en 1894 ce qui explique l'arrêt des moulins.
En 1913, le moulin à eau est considéré comme maison appartenant à Yvonnic Guillotin de Courson et le moulin à vent comme bâtiment rural..
Moulin de Lantilloux ( Antilloux) , Révolution- 1928, parcelle A 179
Ce moulin est construit avant 1812.
Marie Gautier, veuve de Simon Craheix (ou Crahé) est enregistrée comme propriétaire de ce moulin dans l'état cadastral initial non daté. A son décès en 1826, c'est François Simon Craheix, son fils meunier à «l'Entillous» qui le déclare.
François Simon Craheix, époux Rose Moreau, décède le 28 mars 1858. Une donation partage est réalisée par Rose Moreau (ou Mouro) le 19 janvier 1869 entre les neuf héritiers. Noé Aimée Félicité Craheix épouse Louis Melois devient propriétaire du moulin.4
Jeanne Craheix, fille de Rose Moreau revend son neuvième de succession aux huit autres en échange d'une rente viagère de 240 francs par an, soit un capital de 4 800 francs. Peut-on en déduire que ce montant est la valeur de chaque lot attribué aux héritiers ?
Rose Moreau garde la jouissance de la maison neuve de Lantilloux avec le cellier et son jardin. Les héritiers doivent lui verser une rente annuelle d'un montant de 400 francs soit un capital de 8000 francs. On apprend indirectement qu'une rente viagère annuelle de 150 francs grève le moulin. Pas de précision sur le bénéficiaire de cette rente.
Il est précisé qu'un droit de passage « en tout temps, avec bœufs, chevaux et charrettes pour la servitude de ses dépendances et du moulin plus un droit de passage derrière la maison neuve pour sortir à la route avec une largeur de trois mètres en longeant les appentis … et le droit de puiser de l'eau à la fontaine se trouvant sur le terrain des époux Hervé.»
Ferdinand Marie Guillotin et son épouse Marie Eluère achètent à Aimée Craheix épouse Melois, le moulin pour 5000 francs le 29 mai 1876. La rente viagère de 150 francs n'est pas mentionnée. Les ustensiles du moulin sont énumérées et entre autre «une bascule et neuf poids pesant ensemble 21,500 kg, un câble pour lever les meules, une [grèle ?], sept marteaux, un crochet à lever les meules et une chèvre avec sa chaîne en fer».5
Ils font reconstruire le moulin. Au décès de Ferdinand, le 21novembre 1878, le moulin se transmet d'abord à son fils Yvonnic Guillotin de Courson, puis après le décès de ce dernier, le 13 décembre 1921, à Robert Guillotin de Courson, son fils.(succession simplifiée)
Le 16 janvier 1924, Robert Guillotin de Courson et son épouse Marie Madeleine vendent à Pierre Marie Glotain et son épouse Marie Philomène un ensemble de propriétés à Lantilloux dans lequel le moulin est compris. Une description sommaire en est faite : construction en pierres et toit d’ardoises.
Prix de vente : Le moulin est vendu avec d'autres éléments pour une somme globale de dix-sept mille francs. Le fermage annuel se monte à mille francs. 6
Fin d'exploitation :Les époux Glotain sont propriétaires du moulin en tant que construction et couverture Tout le matériel doit être enlevé dans les six mois de la sortie des époux Bretagne, fermiers qui ont signé un bail 3,6,9 commencé le 1er novembre 1919.
On retrouve les Bretagne comme exploitants en 1923 dans l'enquête de la Préfecture. Ce «petit moulin utilise plus du blé noir et des menus grains qui servent à alimenter les animaux ».Une capacité annuelle de 320 quintaux et une journalière de 18 quintaux. La matrice cadastrale de Pierre Glotain (case 550) précise que le moulin est en ruines en 1928.
Liste des exploitants du moulin de 1876 à 1926 établie par les recensements :
De 1876 à 1906, François Durand, meunier et son épouse Jeanne Bertin puis leurs enfants résident à Lantilloux.
En 1906 , François Durand est patron et emploie sur Lantilloux au moins deux domestiques. Six enfants et petits enfants sont notés. .Leur gendre Louis Audion ( 33 ans) est décédé le 12 juillet 1905. Marié à une fille de François Durand, il était meunier à Lantilloux.
François Durand (73 ans) meunier décède le 16 mars 1907.
De 1911 à 1923, François Bretagne, meunier et sa femme Sophie exploitent ce moulin.
Source Archives départementales 44 :
4: 4 E 66 64 / 5: 2 Q 69 64 / 6: 2 Q 7743
Évolution du nombre de moulins de 1789 à 1950
1789 : 1 à eau Paradel et deux à vent: Grand Lande et Paradel
1809 : 1 à eau Paradel et trois à vent : Grand Lande, Paradel et Lantilloux
1857 : 1 à eau Paradel et trois à vent : Grand Lande ,Paradel et Lantilloux
1875 : 1 à eau et six à vent /
1910 : 0 à eau et trois à vent / 1920 : 0 à eau et trois à vent
1936: Saint-Symphorien et la Madeleine
1950: Saint-Symphorien
Le diagramme ci-dessous présente la chronologie des moulins en activité, les dates de début et de fin étant arrondies pour simplifier la présentation. La durée d'activité de chaque moulin est précisée dans son étiquette.
Texte de M. Passalacqua le 5 décembre 2023