La famille Geffray


Venue de Derval, la famille Geffray, lors de la mobilisation générale en août 1914, est installée depuis peu dans la ferme de Launay, près de la route de Marsac, à un kilomètre, au nord du bourg de Nozay.

 

Le chef de famille François  Geffray, blessé lors de la guerre franco-prussienne de 1870, est invalide, pensionné de guerre. Marie Durandière, sa femme, est fortement présente dans la gestion de cette exploitation agricole.

 

Au début de la guerre, le couple a 6 enfants : François  Pierre  Jean , Albert , Théophile  et  leur sœur : Modestine 

 

 

Les cinq garçons sont mobilisés. La guerre fauche les trois aînés et la grippe espagnole tue leur mère, le jour de l'Armistice, le 11 novembre 1918.

 

 

Photographie de trois des cinq frères Geffray



1_FRANCOIS GEFFRAY

François, l'aîné de la famille, a trente ans lors de la déclaration de guerre. Il est toujours au service de ses parents mais habite plus près du bourg, avec sa jeune femme, Marie Marchand, épousée quelques mois auparavant.

Déclaré dispensé des obligations militaires, lors du conseil de révision comme aîné d'une fratrie de sept enfants, Il est  cependant incorporé le 03 août 1914, à l'âge de 30 ans. 

Il appartient au 64ème régiment d'infanterie.

Il disparaît le 14 juin 1916 à Thiaumont (département de la Meuse) .

Cette disparition est actée, par les autorités militaires, le 1er août 1916.

Dessin d'un document de Michel Fraboul

 

Le tribunal de Châteaubriant, en date du 24 janvier 1921, le déclare officiellement mort pour la France, le 14 juin 1916.

Citation  et décoration: « Brave soldat, il a fait son devoir. Tombé au champ d'honneur, le 14 juin 1916 à Thiaumont . Croix de guerre avec étoile en bronze »

 

Thiaumont : La bataille de Thiaumont, s'incrit dans la grande bataille de Verdun..L'ouvrage de Thiaumont est un fortin  militaire,près de Verdun, érigé en 1887 et modernisé en 1911. Cet ouvrage comprend un abri souterrain , deux canons, un batterie de mitrailleuses.  De février 1916 au 23 juin 1916, l'armée française lutte pour garder cette position, face à l'armée allemande. Les combats sont intenses, les bombardements massifs (obus de gros calibre dont obus asphyxiants et lacrymogènes),  à l'acuité extraordinaire, pratiquement ininterrompue pendant 5 mois. L'ouvrage est , une première fois, conquis en juin 1916 par les Allemands et après sept à huit reconquêtes et pertes, repris définitivement par les Français, en octobre 1916.Le bilan des pertes humaines est terrible.

 

Marie Geffray/Marchand,  devenue veuve et sans enfant, ne se remariera pas par la suite.


2_PIERRE GEFFRAY

Pierre, le cadet, est célibataire en août 1914 et travaille à la ferme de ses parents.

 

Il est affecté, le 04 août 1914, au 93 régiment d'infanterie. Il meurt, le 17 juin 1915, face à l'ennemi à la bataille d'Hébuterne. Il a 27 ans. Il est reconnu  mort pour la France .

 

La bataille d'Hébuterne ( dans le département du Pas de Calais), menée par le général de Castelnau, dure du 07 juin au 13 juin 1915. Ce fut un corps à corps dans une zone de doubles lignes de tranchées.

 

Il y eu 1760 morts et 8600 blessés chez les soldats français.

 


3_JEAN GEFFRAY

Jean Geffray, le 3ème garçon de la famille Geffray, a 23 ans à la déclaration de guerre. Il est célibataire .Il vit et il travaille au village de Launay (Nozay), chez ses parents.

Incorporé, comme soldat de 2ème classe, dès le début du conflit, le 2 août 1914, au 137ème Régiment d'infanterie, il est blessé le 20 septembre 1914 à la bataille d'Albert Il intégre, le 22 janvier 1916, le 35ème Régiment d'artillerie, puis , le 107ème Régiment d'artillerie lourde, le 8 février 1916. Blessé par balle,de nouveau ( 2ème bataille d'Albert ?) , le 12 juin 1916 . Il est hospitalisé à Amiens, avec une plaie à la poitrine. Sa sœur Modestine vient le voir, lors de cette hospitalisation. Il sera par la suite, de nouveau ,hospitalisé à plusieurs reprises..

«  Citation du 107 ème Régiment d'Artillerie lourde à l'ordre du général de la 4ème Armée du 29 juillet 1916 . « Soumis pendant plus d'un mois (juin et juillet 1916) à un bombardement incessant d'une grande violence qui lui fait subir de très lourdes pertes en personnel, a rempli avec succès, sans défaillance, toutes les missions qui lui ont été confiées grâce à la valeur de ses camarades, à l'énergie et à l'ascendant moral de ses officiers ».

 

Il reste par la suite très affaibli et décédé le 05 octobre 1918 , de suite d'une pneumonie grippale, à l'âge de 27 ans, un mois avant la victoire de novembre 1918..

Les batailles de la ville d'Albert :

1914 :Cette bataille de quatre jours, opposa l'armée française à l'armée allemande,  à la fin de septembre 1914, dans la course à la Mer des deux armées. Le combat resta très indécis et se déplaça vers le Nord. La ville d'Albert fut détruite lors de cet affrontement.

1916 : Les combats, du 24 juin 1916 au 13 juillet 1916 furent menés principalement par les troupes britanniques aidées des troupes françaises. C'est le début de la bataille de la Somme. Le nombre de blessés et de tués furent considérables.

1918 : La reprise de la ville d'Albert, le 23 août 1918, par les troupes britanniques et australiennes marquent le début de l'offensive des Cent jours qui aboutit à la victoire du 11 novembre 1918

 

 

 

 

 

 

 

 Photo de la tombe de Jean Geffray 

 


4_ALBERT GEFFRAY

Albert Geffray, le 4ème enfant de la famille a vingt et un ans en août 1914. Il est célibataire, vit et travaille chez ses parents.

 

Il est considéré comme disparu, le 13 novembre 1914 à la bataille de Zonnebecke (Belgique). Il est rapatrié d'Allemagne (où il était prisonnier) en janvier 1919

La bataille de Zonnebecke, près de Ypres, en Belgique,oppose l'armée allemande , des bataillons anglais et le 9ème corps Français pendant l'automne de l'année 1914.

 

Cette bataille est une véritable boucherie, un corps à corps avec l'ennemi. En 21 jours, l'armée française perd 7000 soldats. 24 000 autres sont blessés et 9000 soldats sont considérés comme disparus.

 

A son retour de guerre, il continue de travailler à la ferme familiale. Il épouse peu-après Anne-Marie Louet. Le couple prend ensuite la suite des parents Geffray comme fermiers à Launay.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photographie d'Albert Geffray pendant la guerre


5_THEOPHILE GEFFRAY

Théophile , né le 04 mars 1896 à Derval, est le plus jeune enfant de la famille Geffray. Avant la guerre, il réside, chez ses parents à Launay. Après la guerre, il sera facteur auprès de la Poste.

 

Le 8 avril 1915, à l'âge de 19 ans, il est incorporé au 2ème régiment d'infanterie. Il est muté au 47 ème Régiment d'infanterie puis au 64ème Régiment d'infanterie jusqu'au 26 novembre 1916 où il est évacué, malade.

 

Il intègre à la fin décembre 1916, le train des équipages militaires. Le train des équipages est la section de l'armée qui assure et coordonne la logistique,le transfert du matériel  et des munitions de l'Armée Française, principalement, pendant cette guerre, par des équipages de chevaux.

 

Il réintègre le 20 mai 1918, le 64ème Régiment d'Infanterie. Il est mis en congés illimité de démobilisation, le 15 avril 1919 et retourne à Nozay à cette date.

 

Il se marie par la suite avec Maria Couroussé  et sera facteur  à Soudan, près de Châteaubriant.

 

 

 

Photographie de Théophile Geffray en militaire

 

 


6_MARIE GEFFRAY/DURANDIERE

 Mère des cinq frères Geffray mobilisés, elle est l'épouse de François Geffray, invalide de la guerre de 1870.  Elle tient, en grande partie, les rênes de la famille  Venu de Derval, le couple s'installe à la ferme de Launay à Nozay, quelques mois, seulement avant la mobilisation. Avec, principalement, sa fill, Modestine , Marie tient la ferme familiale pendant tout le conflit jusqu'au retour de son fils Albert qui prend la suite familiale. C'est une femme très pieuse, très pratiquante qui passe tout le conflit, dans l'attente des courriers de ses fils en redoutant l'annonce des décès de ses enfants qui sont tués, l'un en 1915, l'autre en 1916 et le dernier en octobre 1918, un mois juste avant sa propre mort due à la grippe espagnole, le 11 novembre 1918, jour de l'Armistice !


7_MODESTINE et MARIE PROVOST/ GEFFRAY

Modestine et Marie étaient les deux filles au milieu de la fratrie  de cinq frères.

 

Modestine, l’aînée, célibataire lors de la mobilisation générale d'août 1914, elle est ,pour ses parents et pour l'exploitation agricole, une aide indispensable et pallie l'absence de ses frères.

 

Elle  rend visite à son frère Jean, à l'hôpital d'Amiens. Elle ne se marie qu'en 1921, après le retour de ses deux frères survivants.

Elle a alors 35 ans. Elle épouse Gustave Provost , âgé de 37 ans. Le couple a cinq enfants : Thérèse, Marie, Gustave, François et Jean.

 

Si Modestine évoque très régulièrement , auprès de ses enfants, ses frères tués pendant la guerre, elle parle peu de la guerre ,elle-même.

 

Quant à Marie, sa petite sœur, elle épousa Monsieur Rousseau de Nantes où elle vécu, et a eu 3 garçons.

 

  

 

Photographie de Modestine et Marie Geffray.     


Les Sources :

 

Témoignage de Thérèse Bizeul, fille de Modestine Geffray/Provost

Photos : archives de Thérèse Bizeul, Michel Fraboul, Dominique Chalopin

Registres matricules du 1R Ancenis/Archives départementales de Loire-Atlantique

Sites Internet : Wikipédia, site des communes de Zonnebecke, Albert, Hebuterne, Thiaumont.

Sites Internet : Verdun2016.centenaire, www.archivespasdecalais, www.picardie1418,fortiffsere

 

 

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