Biographie de Léopold Hugo
Joseph Léopold Sigisbert Hugo
(1773-1828)
Joseph Léopold Sigisbert Hugo est né à Nancy en 1773. Son père est un modeste maître menuisier. Son enfance se passe dans cette Lorraine qui n’est française que depuis 7 ans à la naissance de Léopold. De 1774 à 1789, il ne connaîtra qu’un seul monarque : Louis XVI. Son adolescence se passera dans une atmosphère de fin de règne et de la montée croissante de l’impopularité du roi et de la reine.
Dans le livre " Olympio ou la vie de Victor Hugo ", André Maurois le dépeint ainsi : " Des cheveux abondants, plantés trop bas sur le front, des yeux à fleur de tête, un nez camus, des lèvres fortes et sensuelles, un teint rubicond lui auraient fait un visage vulgaire si un air de bonté, un éclair d’esprit dans les yeux et un sourire très doux ne l’avaient rendu séduisant. Il avait commencé, chez les chanoines réguliers de Nancy, des études tôt interrompues puisqu’il s’était engagé à quinze ans. Il savait du latin, des mathématiques, et il écrivait assez bien, dans le style de son siècle, non seulement des rapports militaires, mais des madrigaux, des chansons, des lettres à la Rousseau, et, plus tard, des romans bizarres, noirs comme de l’encre et semés de catastrophes. [...] Ses hommes l’aimaient et le trouvaient bon enfant, capable de terribles colères, mais aussi d’attendrissements ; au fond, malgré son corps vigoureux, un faible, sauf dans l’action où il brillait." Il s’engage dans l’armée à quinze ans. A 21 ans, il est le chef du cantonnement de la Garde Nationale de Nozay, tout frais chef-lieu de canton de la Loire Inférieure, entre Nantes et Rennes et à 25 km à l’Ouest de Châteaubriant. Nozay ne connut pas les troubles de la chouannerie et les sanglantes représailles républicaines. Des maires sages et diplomates lui permirent de sortir de cette période agitée, sans dommage, et sans aucun Nozéen monté à l’échafaud. Cet esprit faillit même lui coûter cher, quand au début de 1793, les habitant insurgés des communes voisines la menacèrent de représailles. Le détachement de troupes républicaines y tint garnison de 1794 à 1799. Le capitaine Léopold Sigisbert Hugo, qui signe souvent Brutus Hugo, a vécu à Nozay de juin 1795 à janvier 1796. Il logeait à La Touche. Il était capitaine au 8ème bataillon de volontaires du Bas-Rhin, qui s’intitulait bataillon de l’Union, dont le commandant était Muscar. De nombreux décès de soldats sont enregistrés à l’état civil de Nozay, mais aucun du 8ème bataillon, qui avait sans doute un officier d’état civil. Ces décès nombreux seraient sans doute dus à une épidémie de dysenterie. Brutus Hugo a occupé La Touche avec un très fort détachement chargé d’assurer la sécurité des convois sur la grande route. Après la déroute du Mans, il y eu des fusillades à Nozay, vraisemblablement au château Leroux et à Trésnoust. Les Nozéens se seraient même emparés d’une pièce de 4 (canon) qu’ils auraient emmené à Nantes.
Le frère de Léopold Hugo est enterré en Corrèze, près de Tulle, là où il fut maire.
La carrière militaire de Léopold Hugo
Léopold Hugo gravira les échelons de la hiérarchie militaire, à l’ombre des Bonaparte. En 1802, il est à Besançon ou naîtra son troisième fils, Victor. Il va devenir ensuite gouverneur d’Avellino en Italie, gouverneur de trois provinces en Espagne où le roi de l’époque, Joseph Bonaparte, le nomme comte en 1811. Victor Hugo est à cette époque chez son père, il a 9 ans. Peu après, Napoléon 1er le nomme général d’Empire. Le chute de Napoléon et le retour des Bourbon entraîne sa disgrâce et son exclusion des armées royales. Il perdra sa femme, Sophie Trébuchet, en 1821. Victor Hugo a 19 ans. L’année suivante, il assiste au mariage de celui-ci avec Adèle. Léopold Hugo meurt brutalement en 1828, dans la maison de son fils Abel, d’une attaque d’apoplexie qui l’avait frappé " avec la rapidité d’une balle ". Son fils Victor dit alors de lui, dans une lettre : " J’ai perdu l’homme qui m’aimait le plus au monde, un être noble et bon qui mettait en moi un peu d’orgueil et beaucoup d’amour... " Un an auparavant, en pleine restauration, il avait écrit en soutien à ce père : Ode à la " Colonne Vendôme ", poème à la gloire de la noblesse d’Empire.
La rencontre de Léopold Hugo et Sophie Trébuchet
En 1795, Léopold Hugo retrouva Sophie Trébuchet. Il avait connu la jeune fille d’un an son aînée à Nantes chez son père, maître des forges et ancien armateur. Adèle Hugo, la
femme de Victor Hugo, dans " Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie ", relate, dans le deuxième chapitre, comment Joseph Léopold Sigisbert et Sophie se sont connus, puis mariés : "
Pendant cette guerre de Vendée, le major Hugo avait eu occasion d’aller fréquemment à Nantes, et il s’y était fait des relations, principalement avec un armateur appelé Trébuchet.… L’armateur,
veuf, avait trois filles, dont une, Sophie, n’était qu’à moitié dans les idées de son père. Elle avait cette indépendance d’esprit et cette personnalité décidée des filles sans mère, obligées
d’être femmes plus tôt que les autres. Elle n’avait la ferveur de son père qu’en politique et elle n’était dévote qu’au trône. C’était encore trop contre le major ; mais il avait été humain
dans la guerre, il avait eu pitié des femmes et des enfants. Et puis, c’était un grand et fier garçon, bien fait, vivant, et ayant dans l’expression de son visage cette beauté supérieure, la
bonté. Voilà pourquoi le major avait été rappelé. Sophie, elle, était petite, mignonne, des mains et des pieds d’enfant ; elle avait quelques traces de petite vérole, mais qui
disparaissaient dans l’extrême finesse de sa physionomie et dans son regard intelligent. Voilà pourquoi le major était revenu. " Et c’est probablement dans le pays de Châteaubriant que la
première rencontre s’est produite avec Léopold Hugo, le père de Victor Hugo. Christian BOUVET écrit : La légende veut que Sophie ait rencontré Brutus battant les boqueteaux en Auverné pour y
déloger des brigands. Elle adresse la parole au beau capitaine et le retient avec un brin de coquetterie pendant que des prêtres cachés s’éloignent sans bruit… Le tableau est pittoresque, mais ce
n’est que légende. Les deux jeunes gens se sont certainement rencontrés dans un des salon castelbriantais fréquentés par Sophie. Geneviève Dormann dans son livre "le roman de Sophie Trébuchet"
fait parler la tante de Sophie : "Où l’as tu rencontré ?"
La première fois chez ma
cousine Ernoult. (…) La deuxième fois en revenant de la Renaudière. Sophie Trébuchet tombe sous le charme de son Brutus comme il se faisait appeler alors. Et la rencontre se conclut par un
mariage civil le 15 novembre 1797 à Paris qui donne naissance à Abel en 1798 à Paris, à Eugène en 1800 à Nancy et à Victor Hugo le 26 février 1802. Le parrain de Victor fut Victor Fanaut de
Lahorie, chef d’état major présumé amant de Sophie et qui a été récemment été suspecté d’être l’auteur des jours de Victor. Le mariage Hugo ne fut pas heureux. Le foyer était animé par
d’incessantes disputes, qui finirent par éclater la cellule familiale. Les trois frères Hugo furent ballottés entre une mère vivant à Paris avec son amant, le général Victor Lahorie et les
différentes garnisons de leur père et ses maîtresses.
Sophie Trébuchet
Le père de Sophie Trébuchet, Jean-François, était marin, capitaine de navire et non armateur comme le dit Adèle Hugo dans son livre "Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie". Il est mort le 1er septembre 1783 en mer. Le grand père de Sophie, Jean Trébuchet, était fondeur et maître de forge comme plusieurs autres membres de sa famille. En 1795, Sophie n’avait donc plus son père, ni sa mère. Elle était à la charge de sa tante Françoise-Louise Robin, née Trébuchet, mariée à un notaire à Saint-Julien-de-Vouvantes, qui passait l’hiver dans une petite maison à Nantes rue Sainte Croix et l’été à Châteaubriant dans sa maison de la rue du Couëre. La famille Trébuchet était également propriétaire de la Renaudière au Petit Auverné.
Rédigé par Yohann Gourdon, François Kammerer et Yvan Teffo.
Sources :
Rocher,
Registres de l’état civil et registres des
délibérations
Abbé Bourdeaut 15-7-1933
Christian
Bouvet, Des Trébuchet à Victor Hugo, Ville de Châteaubriant, 1985
Geneviève Dormann, Le roman de Sophie Trébuchet, Albin
Michel, 1982
Dessin de Sophie Trébuchet par son fils Abel Hugo