I
Venez écouter la légende Du sorcier de la Croix Merhand
A force de courir la lande
Il a fini comme un brigand
Tué par le serpent
Au moulin Toulan.
Refrain
C’est une très ancienne histoire
Qui fut jadis en grand renom
Elle est authentique et notoire
A Nozay en pays Breton.
II
Jadis à travers la campagne
Quand le seigneur de Cornullier
Chassait le cerf ou sa compagne
A travers les champs, les halliers
A la Croix Merhand
Il venait souvent.
III
En bordure d’une clairière
Et tout proche le vieux chemin
Se dressait une humble chaumière
Dont on ne voit presque plus rien
Là vivait d’antan
Un bon paysan.
IV
La terre nourrissait son monde
Les vieux tout comme les enfants
Mais voilà t’il pas qu’à la ronde
Pullulent soudain les serpents
Des petits, des grands
Tous plus effrayants.
V
On en trouvait dans les bruyères
Dans tous les coins de la maison
Ils piquaient les vaches laitières
Faisaient périr le pauvre ânon
Semant la terreur
Chassant le bonheur.
VI
Le fermier connut la misère
Voyait venir le désespoir
Partout la méchante vipère
Régnait du matin jusqu’au soir
Quand parut soudain
Le sorcier malin.
VII
C’était un véritable hère
Un vieux clochard de l’ancien temps
Moitié bandit, moitié trouvère
Comme en ont connu tous les temps
Un fameux luron
Du pays Breton.
VIII
Faire disparaître la vipère
Dit-il à notre bon fermier
C’est pour moi bien petite affaire
Si tu veux bien un peu m’aider
Pour la fin du jour
Allume ton four.
IX
Appelle-moi toutes les terres
De messire de Cornullier
N’en omet point mille tonnerres
Car nous irions tous au charnier
Le fermier docile
Lui dit c’est facile.
X
A l’appel de chaque domaine
Les serpents entrent dans le four
De tous les bois et de la plaine
Ils arrivent chacun leur tour
Sous l’œil du sorcier
Mourir au brasier.
XI
Bientôt l’opération s’achève
Le dernier serpent supplicié,
Et la voix du sorcier s’élève
Fermier n’as tu rien oublié ?
Mais un bruit affreux
A jailli près d’eux.
XII
Faisant tressaillir la ramure
De formidables sifflements
Pour venger sa progéniture
S’élance le Roi des Serpents
S’enfuit le fermier
Itou le sorcier.
XIII
Sans hésiter vers la prairie
Le vieux sorcier court à grands pas
Et tâche de sauver sa vie
Maintenant bien près du trépas
Mais le gros serpent
Vite en fait autant.
XIV
La poursuite fut effrayante
Le pauvre diable vint mourant
La poitrine toute haletante
Tomber au moulin de Toulan
Le serpent piqua
Le vieux trépassa.
XV
Le meunier garda en mémoire
Et dans le granit fit graver
Le gros serpent de notre histoire
Près du blason des Cornullier
Seigneur de Toulan
De la Croix Merhand.
XVI
Gens de la ville et de la campagne
Rappelez vous le souvenir
De ce vieux conte de Bretagne
Quand vous irez vous réjouir
Un jour en passant
A la Croix Merhand.